Montpellier, l’intersyndicale à la rencontre de la population

Ce vendredi 31 janvier, plusieurs membres de l’intersyndicale (CGT, FO, Syndicat des Avocats de France et Union des Jeunes Avocats, des membres de l’Université des Sciences et plusieurs syndicats d’enseignants) se sont rendus à la rencontre des montpelliérains en installant des stands devant l’Office de tourisme, sur la place de la Comédie, entre 10h et 16h. Le but de l’opération était de sensibiliser la population au démantèlement de notre système de protection sociale à travers la réforme des retraites, mais aussi d’autres projets gouvernementaux.

L’opération a permis de réunir syndicalistes, enseignants, robes noires, et simples badauds parfois curieux, à l’aide d’opérations de tractage, de discussions et d’échanges. Les avocats se sont une nouvelle fois distingués en déployant sur l’Opéra-Comédie avec l’aide de cégétistes, une immense banderole de 15m de long, en forme de robe noire, qui a pu rester tout l’après-midi visible des passants.

Une action originale a été menée pendant de nombreuses heures par des mathématiciens de la fac de Sciences, qui ont proposé aux volontaires de calculer, preuves arithmétiques à l’appui, le nouveau montant de leur retraite après réforme. Les calculs ont bien souvent révélé des diminutions aberrantes du montant des pensions, qui ne correspondent en rien avec la présentation tronquée proposée par le gouvernement.

Puis, une conférence de presse a donné la parole aux représentants des organisations concernées. Pour Julie Moulin, du Syndicat des Avocats de France, un rappel a été fait de la parfaite adaptation du régime actuel des avocats à leurs conditions de travail particulières, et de l’immense menace que fait planer la réforme sur l’accès à la Justice pour tous, notamment par le doublement des charges qui enterrera nombre de petits cabinets dévolus à l’aide juridictionnelle ou aux personnes les plus démunies (voir notre article). Les avocats poursuivent leur mobilisation, même si elle suscite quelques remous dans les tribunaux de la ville. En effet, un magistrat a récemment voulu refuser le renvoi d’une affaire au motif que la ministre Nicole Belloubet avait annoncé entrer en négociation avec les robes noires, ce qui a suscité l’ire des avocats en grève.

Serge Ragazzacci, pour l’Union départementale de la CGT, estime qu’il était important d’être présent aujourd’hui sur la place de la Comédie alors que la Conf’ s’assoit à la table des négociations autour des financements de la réforme, pour apporter leurs propositions sur ce que pourrait être une réforme viable de notre système de retraites, tout en conservant le principe de répartition. La CGT alerte sur la remise en cause de l’ensemble de notre protection sociale, et dénonce l’étude d’impact tronquée du gouvernement, qui a choisi des profils avantageux pour présenter son projet de réforme. M. Ragazzacci dénonce une réforme qui va de facto allonger la durée du travail au-delà de l’âge pivot de 65 ans, et aggraver le problème du chômage de masse et de la précarité de l’emploi. La CGT préconise l’augmentation des salaires pour mieux financer le système par répartition. M. Ragazzacci a aussi dénoncé comme une extrême violence, le versement de primes par le gouvernement aux casseurs de grève de la SNCF.

Franck Mary-Montlaur, pour Force Ouvrière, a rappelé que notre système de protection social s’est bâti sur un pays exsangue au sortir de la seconde guerre mondiale, et a pourtant parfaitement fonctionné. Il a aussi présenté l’exemple de la Suède, où la retraite à points a fait chuter les pensions jusqu’à 30% en moyenne de leur niveau et précarisé l’ensemble des retraités. Il dénonce une guerre des chiffres autour d’un système qui fonctionne, et un gouvernement qui ne pense qu’aux gros et aux riches, et veut la destruction totale de notre système de protection sociale.

Marie-Martine Limongi, présidente de la Carsat Languedoc Roussillon (organisme de sécurité sociale régionale), est elle tout simplement concernée par la suppression, prévue par la réforme des retraites de ces types d’organismes qui interviennent pour l’État sous l’égide des Caisses Nationales d’Assurance Vieillesse et d’Assurance Maladie. Elle met le doigt sur la carence que va créer cette suppression, ainsi que sur le devenir des agents qui assurent aujourd’hui ce lien auprès de la population.

Antoine, pour le syndicat Solidaires, s’est joint aux points de vue exprimés précédemment. Il a voulu casser l’image des syndicats telle que présentés dans les media, focalisés sur les actions de blocage et les éventuelles altercations qui ont pu avoir lieu, notamment sur Paris, avec les forces de l’ordre lors de manifestations. Solidaires, en s’opposant à la caste des ultra-riches, défend un autre monde possible, plus humain, plus collectif. Antoine explique la démarche qui a animé les syndicats aujourd’hui, afin d’alerter la population sur l’ensemble de la politique néo-libérale menée par le gouvernement, qui ne réside pas que dans cette réforme des retraites mais bien le démantèlement de nos structures sociales au profit des plus riches. Il appelle à venir manifester avec les Gilets jaunes lors de l’acte national de demain, à 10h place de la Comédie.

En milieu de journée, le roll-up du Mur Jaune qui expose une grande quantité de photos de blessés lors des manifestations Gilets jaunes a été déployé et exhibé aux yeux de la population. Si quelques badauds ont pu se montrer curieux et ont découvert souvent avec horreur la réalité des violences policières en manifestations, il est à noter que la plupart n’y a pas jeté un oeil, voire pire, a manifesté un certain déni en le contemplant.

Vidéo de la conférence de presse à venir.







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