Campagne électorale oblige, on parle beaucoup d’insécurité ces derniers temps à Montpellier… Le centre-ville serait envahi de délinquants d’origine étrangère et la police croulerait sous les affaires de vol, de violences et les histoires de toxicos. C’est sans doute pourquoi Jacques Witkowski, préfet de l’Hérault, avait tenu à assurer pour cette nouvelle édition du Karnaval des gueux, un maximum de sécurité aux carnavaliers qui couraient de grands dangers à venir défiler ainsi dans ce centre-ville obscur et dangereux !
Aussi le préfet, tout comme le maire Philippe Saurel, avaient jugé bon de prendre des arrêtés interdisant la tenue de la manifestation dans un large périmètre couvrant l’Écusson et ses alentours… Mais les gueux et les fous n’ont peut-être pas eu vent de cette information, car ceux-ci se sont retrouvés à quelques centaines devant le parc du Peyrou, interdit lui aussi, aux alentours de 19h.
A peine le temps de tenir un procès devant le palais de Justice, que les forces de l’ordre débarquent accompagnées d’un imposant véhicule canon à eau. Avec bienveillance, elles intiment ainsi aux carnavaliers de retourner en direction du Peyrou, où une nouvelle ligne vient gentiment pousser ceux-ci vers le boulevard Henri IV.
En moins de quelques minutes, les carnavaliers se retrouvent nassés devant l’entrée du jardin des Plantes… Quel soulagement de se savoir ainsi protégés de l’insécurité par les forces de gendarmerie mobile ! Des agents de la BAC et de la CDI sont même visibles dans les parages, il sera donc impossible aux nombreux brigands et filles de joie de l’Écusson de venir détrousser nos pauvres gueux ! Aussi, les esprits se détendent un peu et la fête peut commencer !
Ménestrels, flûtistes, danseurs et monstres imaginaires ont repris en choeur les berceuses traditionnelles de notre beau pays occitan, sous l’oeil complice quoiqu’impassible des gendarmes, qui brûlaient d’envie de participer à la fête. Et cela a duré, duré, duré ! Dans la joie et la bonne humeur ! Cela a tellement duré que lorsque les derniers fêtards ont quitté les lieux, après que les gendarmes aient pris le temps de vérifier qu’ils aient bien toutes leurs affaires et leurs pièces d’identité avant de repartir, il était près de minuit !
Plusieurs personnes ont si bien accroché avec des agents de la BAC, qu’elles ont choisi finalement de les suivre au commissariat pour un after ! Plus d’une trentaine de participants et participantes ont aussi choisi de soutenir les autorités en laissant chacun 135€ dans le chapeau en guise de remerciements… Une belle opération que cette soirée nassée, cette année à Montpellier, qu’on aurait aussi pu appeler la “garde à vue géante” !
Les gueux peuvent donc saluer chaleureusement les efforts de l’édile Saurel et de la Préfecture pour assurer leur sécurité dans ce monde dangereux, dont ils sont les représentants les plus fragiles… et les tenir à l’abri de cet Écusson sordide, peuplé de bourgeois effrayants et de magasins de luxe si méprisants, où ils allaient innocemment se jeter ! Dans les possibles points d’amélioration pour ce genre d’événements, on pourra toutefois préconiser à la Préfecture l’installation de toilettes sèches (les gueux y sont habitués), cruellement manquantes hier soir, ou la mise à disposition d’eau, de nourriture et de couvertures !
A l’année prochaine, pour une nouvelle fête endiablée et ennassée, où on l’espère les gueux reviendront danser nombreux !
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