Au Chili, face à la crise du coronavirus largement sous-estimée par les pouvoirs publics, la colère sociale s’alimente de la gestion calamiteuse de la pandémie par le gouvernement, qui a abouti la semaine dernière à la démission du ministre de la Santé Jaime Manalich. Alors que le taux d’occupation des lits de réanimation frôlait les 95%, au mois de mai, des manifestations ont éclaté dans plusieurs villes pour dénoncer l’insuffisance des aides de l’État.
Le souvenir ravivé de la dictature mobilise les Chiliens
Le Chili a connu un mouvement social d’ampleur enclenché en octobre 2019 contre les inégalités sociales et économiques qui minent le pays (1% de la population détient un tiers des richesses). Celui-ci a connu une très intense répression entraînant la violation de nombreux droits humains, dont s’est émue la communauté internationale : plusieurs dizaines de manifestants tués et des centaines de blessés ou mutilés lors des manifestations, des viols, enlèvements ou séquestrations par la police, des dizaines de milliers d’arrestations et une judiciarisation systémique des opposants politiques.
La gestion répressive de la crise sociale par le président Pinera s’est retrouvée dans celle de la crise du coronavirus, rappelant une nouvelle fois les heures sombres de la dictature de Pinochet. Et la situation économique pour les Chiliens n’a fait que s’empirer, en l’absence de mesures d’indemnisations conséquentes ou d’un chômage public.
Les personnes les plus démunies empêchées de travailler par le confinement ne peuvent ainsi se nourrir, et plongent dans une misère extrême. Dans cet écho d’un passé encore proche, la population s’organise par elle-même pour pallier les carences de l’État, et retrouve ses réflexes résistants : auto-organisation et cantines populaires s’imposent comme réponses incontournables à la crise.
La diaspora chilienne solidaire
A Montpellier comme ailleurs, la communauté chilienne se mobilise pour apporter son soutien aux Chiliens qui subissent la crise, et s’est réunie dans un collectif baptisé “Colectivo Fuerza Chile Francia 34”. Depuis le mois de novembre, le collectif a organisé une quinzaine d’événements en soutien aux Chilien.nes subissant en première ligne la répression politique du mouvement social, et notamment des soirées caritatives à la brasserie Le Dôme, sur le boulevard Gambetta.
Plus récemment les mobilisations se sont donc tournées vers la crise du coronavirus, et le collectif reverse aujourd’hui les fonds réunis aux cantines populaires chiliennes. Trois d’entre elles ont ainsi pu être soutenues dans différentes actions.
Projection ce vendredi 26 juin, 19h30, au Dôme
La prochaine action du type sera menée ce vendredi 26 juin au Dôme à 19h30. Il s’agira de la projection du film El Patio, de la réalisatrice chilienne Elvira Diaz, suivie d’une soirée concert lors de laquelle l’assistance pourra se ravitailler au bénéfice des cantines populaires chiliennes. El Patio est un documentaire qui revient sur l’enfouissement des portés disparus sous la dictature de Pinochet, dont des fosses communes ont récemment été déplacées dans le plus grand secret.
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