La Ronce : Pour protéger le vivant, mettons « un joyeux bordel »

Acte de naissance d’un nouveau collectif d’actions désobéissantes, ce texte déjà relayé par plusieurs médias indépendants propose de “démultiplier des actions directes, anonymes et décentralisées pour le vivant, pour empêcher de fonctionner ceux qui détruisent le vivant, ou a minima leur faire perdre des plumes.” Appelant à l’invention collectives d’idées simples et concrètes, le collectif propose pour première date coordonnée le 14 octobre prochain.

L’initiative de ce collectif prête à débat, tant sur les moyens de lutte contre le capitalisme que sur les rapports entre les individus. Si certaines des initiatives présentées semblent efficaces et concrètes, d’autres peuvent envisager des conséquences dangereuses et néfastes, tant pour des consommateurs que pour de simples employés, ce qui pose évidemment question sur la corrélation entre la nuisance provoquée et la perception du message délivré.

 

Je le sens : notre modèle de société court à sa perte, broie l’humain et entraîne déjà dans sa chute de larges pans du vivant. Chaque jour, je suis bombardé⸱e d’informations et d’images, alors que je reste chez moi en sécurité, en colère mais conscient⸱e de mon impuissance. Espérant que quelqu’un quelque part se lève pour freiner la course folle.

Ce quelqu’un, ça pourrait être moi, mais…

J’ai trop peu de pouvoir et ceux qui en ont ne font pas face. Ils fuient. Ils festoient sur les ruines, jusqu’à la dernière goutte de pétrole, le dernier arbre debout, la mort de la dernière abeille. Ils disloquent le navire pour construire leurs radeaux.
Ma rage contre les responsables du désastre ne les freine pas. Je ne sais pas comment contre-attaquer, remplacer mes posts indignés par des actes, des actes qui valent mieux que mille discours.

Ce qu’il me manque, c’est l’idée. L’idée et sa viralité, l’idée partagée avec des milliers d’autres, des milliers d’autres avec qui je vais agir.

Je peux arrêter d’acheter. Mais si ensemble, nous les empêchions de vendre ?

Voilà. Je tiens une idée : inventer des gestes simples et peu risqués qui empêcheraient leurs 4×4 de rouler, leurs pubs de s’afficher, des gestes qui dégraderaient suffisamment l’emballage de leurs produits pour qu’ils ne puissent plus les vendre. Un geste aussi discret et rapide que celui de déboucher un bouchon, de mettre un coup de feutre sur la date de péremption, d’utiliser leur « ouverture facile – tirez ici » en zappant l’étape de l’achat.

Un petit geste pour la planète qui, s’il était reproduit par des centaines de milliers de personnes en même temps, partout, en ciblant un produit ou une marque en particulier, auraient un impact financier tel que nous ferions plier la multinationale qui le fabrique. Ou a minima, lui faire perdre des plumes.

Quand on pense qu’il suffirait que des milliers de gens aient la même idée que moi…

Mais ça y est. Je ne suis plus seul⸱e. Cette idée, vous l’avez aussi.

Leur force est d’avoir réussi à s’infiltrer partout dans nos vies. Leur faiblesse, c’est qu’ils se sont ainsi mis à notre portée. Leur publicité, leurs produits, leurs points de vente sont partout, là, à portée de main.

Ensemble, nous allons riposter, mener des actions décentralisées, simultanées, pertinentes, faciles, drôles ou pas, aux risques légaux très limités, pour mieux les déborder, leur faire perdre des billes et dévoiler leurs crimes, et le faire avec irrévérence, malice et joie. Ils ne sont tellement pas sérieux que nous n’avons aucune raison de l’être.

Nous allons mettre un joyeux bordel, car nous savons que c’est dans l’ordre et la discipline qu’ils organisent la destruction systématique des conditions de la vie sur Terre. Que c’est le statu quo qui nous mène vers l’abîme.

Dispersé⸱e⸱s, nous serons des milliers d’épines dans leur pied. 
Ensemble, nous sommes la Ronce.

Nous sommes le bouclier des espèces fragiles et sans voix que les prédateurs avides souhaitent sacrifier sur l’autel du profit. Trop longtemps, nous avons compté nos morts, pleuré les espèces assassinées, vu le climat changer, sans nous servir du piquant de nos épines. Ce temps est révolu.

Nous sommes anonymes, autonomes, intraçables, inattaquables

Nous choisissons nos cibles méticuleusement, opération après opération, nous trouvons et exploitons une faille dans le système, le talon d’Achille de chaque adversaire, là où nous aurons un effet maximal pour une difficulté minimale. Nous sommes anonymes, autonomes, intraçables, inattaquables.

Nous participons d’un écosystème complexe et magnifique, nous sommes complémentaires et viendrons renforcer les cris de celles et ceux qui luttent à visage découvert. Là où nous les ferons reculer, d’autres espèces foisonneront.

Nous ne porterons jamais atteinte à l’intégrité physique des personnes, mais les biens matériels, eux, n’ont pas de sentiments. Nous refusons d’appeler leur dégradation du gaspillage, quand on sait la dégradation que leur production ou leur utilisation provoque sur le vivant. On ne gaspille pas une arme quand on la détruit.

La Ronce est une idée, une idée qui se diffuse, une idée enracinée dans des milliers de cœurs, jusqu’à former une communauté.

Nous célébrerons sur les réseaux sociaux l’idée même de #LaRonce, nous en parlerons, la dessinerons volubile, luxuriante, fourmillante. Nous n’apporterons aucune preuve tangible de notre participation, mais serons tombé⸱e⸱s par hasard sur l’œuvre d’une autre épine…

Une épine seule ne changera jamais la face du monde, mais plusieurs épines dans leur pied peuvent les ralentir, et un buisson de ronce leur fera rebrousser chemin.

Nous sommes la Ronce. Tenez vous prêt⸱e⸱s.

Pour suivre La Ronce sur les réseaux sociaux :

 

 








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