Visiblement, les forces de l’ordre sont en avance sur l’agenda législatif. A Paris, lors d’un rassemblement réunissant plusieurs milliers de personnes contre la loi de Sécurité Globale, alors même que les députés étaient en train d’examiner celle-ci, les policiers ont violenté, menacé et même interpellé plusieurs de nos consoeurs et confrères, s’appuyant, selon certaines vidéos diffusées sur les réseaux sociaux (ce qui deviendra complexe après le passage de cette loi), sur le récent Schéma national du maintien de l’ordre ou sur la loi anti-casseur. Ainsi des “sommations pour les journalistes” ont pu être entendues, alors que des violences s’abattaient indistinctement sur certain·es d’entre eux.elles.
Ainsi de notre consoeur Hannah Nelson, photojournaliste pour le média Taranis News, âgée de seulement 18 ans, traînée au sol par les cheveux avant d’être interpellée et placée en garde à vue :
Encore une journaliste interpellée ce soir à #Paris #PPLSecuriteGlobale #Macron pic.twitter.com/ClStk0BMTD
— L'infirmier 💙 (@Infirmier0) November 17, 2020
Ainsi de notre confrère Clément Lanot du média LinePress, menacé d’interpellation pour sa simple présence sur les lieux. On notera l’invocation du récent Schéma national du maintien de l’ordre, qui n’a pourtant apporté aucune disposition législative venant entériner le fait pour les journalistes de devoir quitter les lieux après sommation, ce document restant un plan d’action pour le gouvernement :
Un policer menace de m’interpeller.
Malgré ma carte de presse, caméra : un policier me demande d’arrêter de travailler et quitter la zone sous peine de garde à vue.
J’étais en dehors des tensions à ce moment et identifiable.
Ce n’est pas normal. pic.twitter.com/COK6IvX9Gj
— Clément Lanot (@ClementLanot) November 17, 2020
Ainsi de notre confrère Nnoman Cadoret, qui a reçu plusieurs coups de bouclier et de matraque :
Ce soir au rassemblement contre la #PPLSecuriteGlobale
Les #FDP chargent alors qu'on ne peut pas reculer … ils chargent et matraquent malgré tout …
Plusieurs journalistes font état de menaces ciblées contre la profession. Cette loi est liberticide, on en a les prémices … pic.twitter.com/Y1sK1ryRac— … 📷 (@NnoMan1) November 17, 2020
Ainsi de notre confrère Simon Louvet, poussé et matraqué, que l’on voit ci dessous filmé par Rémy Buisine lui aussi victime de coups de matraque et menacé d’interpellation :
Le journaliste @simonlouvet_ pris pour cible par les forces de l’ordre deux fois en l’espace de quelques secondes.
Quelques minutes plus tard, tentative d’interpellation me concernant… sans carte de presse c’etait GAV. pic.twitter.com/hN0raeBspq
— Remy Buisine (@RemyBuisine) November 17, 2020
Ainsi également de nos confrères Taha Bouhafs et Ulysse Logéat ayant subi eux aussi des violences. Une vidéo du premier montre la dispersion au canon à eau de cette manifestation où étaient présent·es de nombreux·ses journalistes, pour protester contre la proposition de loi liberticide de Sécurité Globale, présentée par la majorité LREM et soutenue par le gouvernement.
MAJ: Un journaliste de France 3 Paris Île de France a lui aussi été placé en garde à vue et y a passé la nuit. Hannah Nelson a finalement été relâchée mercredi 18 en milieu de journée, écopant d’un rappel à la loi.
La police utilise le canon à eau contre les manifestants assis…. pic.twitter.com/EHzSMBP8Mh
— Taha Bouhafs 🔻 (@T_Bouhafs) November 17, 2020
Nous alertons depuis maintenant plus de deux semaines, comme l’ensemble des médias indépendants, sur les dangers que ferait peser une telle loi sur la pratique journalistique, contre-pouvoir démocratique essentiel. L’article 24, qui interdit de diffuser l’image de forces de l’ordre identifiables, va surtout permettre les interpellations massives des journalistes indépendants qui couvrent les manifestations et documentent notamment les violences policières.
Pour tout savoir sur la loi de Sécurité globale, dénoncée par la presse, la Défenseure des droits, la Commission des droits de l’Homme, l’ONU… : https://www.lamuledupape.com/?s=loi+s%C3%A9curit%C3%A9+globale
Ah oui, et au fait…
Éric Dupond-Moretti a confirmé devant les sénateurs vouloir modifier « la loi de 1881 » sur la liberté de la presse, afin d’aboutir à « l’éviction de ceux qui ne sont pas journalistes et qui ne méritent pas de profiter de cette loi […] et qui viennent s’y lover » https://t.co/DeUKAIoCXg
— Perrine Tarneaud (@Perrine_tarneau) November 18, 2020
Couverture : Acte 70 GJ Paris; Photocratie.
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