Sécurité Globale : plus de 5000 personnes à Montpellier pour défendre nos libertés

Si la manifestation de la semaine dernière marquait déjà une belle réussite avec plus de 2000 participant·es à Montpellier, celle de ce samedi 28 novembre a consacré l’ancrage rapide du mouvement contre la Loi Sécurité Globale, en réunissant plus de 5000 personnes. Sur le parvis de la mairie, où le rendez-vous était donné pour rappeler au maire Michaël Delafosse ses engagements en matière de vidéosurveillance de la ville, les visages étaient radieux de constater le succès de la mobilisation.

Le nombre d’organisations signataires de l’appel à manifester était ainsi d’une cinquantaine, ayant triplé depuis le week-end dernier, et démontrant la vague d’engagement pour le retrait de la proposition de loi adoptée mardi par l’Assemblée Nationale. Syndicats, organisations politiques, collectifs et associations écologistes, antiracistes, ou féministes, militant·es des droits humains, des familles, des vieux, et des jeunes… beaucoup de jeunes !

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Le cortège après s’être élancé, est passé au rythme de ses batucadas sous les fenêtres de l’Hôtel de police, avant de se rendre d’un pas rapide vers la gare puis dans l’Écusson. De très nombreuses pancartes se dressaient dans les airs, multipliant leurs slogans : “Souriez vous êtes filmés!”, “Floutage de gueule”, “Baissez vos armes, nous baisserons nos objectifs!”, ou encore “Ni miliciens, ni barbouzes!”.

Aucune présence policière notable malgré l’impressionnante participation, les slogans antifascistes ont marqué le premier tiers du cortège, mais la suite n’était pas en reste en terme de dynamique et d’énergie. Après un court passage sur la place de la Comédie, ce sont une nouvelle fois les volets clos de la Préfecture qui ont accueilli la fin de la manifestation, très en avance sur le temps qui lui avait été accordé, et deux simples fourgons de gendarmerie mobile, encadrés chacun d’une douzaine d’hommes, masques au nez et casques en main.

Aussi, après quelques dizaines de minutes festives sur la place des Martyrs de la Résistance, c’est en manif’ sauvage que sont reparti·es des milliers de manifestant·es, descendant le boulevard du Jeu de Paume jusqu’à la gare Saint-Roch, déterminé·es à retourner devant l’Hôtel de police pour exprimer leur colère, alors que l’espace médiatique a été saturé de violences policières toute la semaine. L’évacuation du campement de réfugiés de la place de la République et l’ignoble agression de Michel Zecler à Paris ont sans aucun doute contribué à l’ampleur de la mobilisation à l’échelle nationale. Plus de cent rassemblements étaient en effet annoncés partout en France.

En arrivant sur le parvis du commissariat, aucune présence policière, juste la silhouette lointaine des gendarmes mobiles qui vient s’installer au bout de quelques minutes. Une barricade qui se monte rapidement à l’aide de poubelles, avec des jeunes un peu foufous qui se mettent à taper joyeusement dessus. Mais les sirènes bleues demeurent au loin, et les gendarmes immobiles. Le cortège qui ne rassemble plus qu’un petit millier de personnes, finit par repartir avec allégresse pour retourner dans l’Écusson, non sans s’effrayer de l’impatience brutale de quelques automobilistes, en l’absence de tout dispositif d’encadrement et de sécurisation. Les slogans Gilets jaunes fusent, quelques noms d’oiseaux s’envolent contre le gouvernement, on retraverse la place de la Comédie sous le regard curieux des badauds.

De retour devant la Préfecture, toujours le même dispositif, minimal, qui accueille les quelques centaines de personnes encore déterminées. On reste là, quelques dizaines de minutes alors que la pluie se met doucement à tomber, ce qui en convainc certain·es de rentrer. Ça invective un peu “les poulets”, ça caquète, ça crie d’envoyer du gaz, mais en face, aucune réaction. Le cortège finit par redescendre sur la Comédie.

© Clara Maillé

Ce n’est que parce que deux poubelles y prennent feu, entravant la circulation du tramway, que les forces de l’ordre interviennent dans un dispositif minimaliste et visiblement très soucieux d’éviter le moindre débordement. La CDI34 et la BAC se chargent de disperser par une brève course le gros de la petite foule massée près de la fontaine des Trois Grâces, avant que les gendarmes mobiles ne viennent former comme un corridor permettant la circulation du tram. Une personne est interpellée brièvement pour avoir entravé celle-ci.

Les gendarmes mettent, puis enlèvent, puis remettent, puis ré-enlèvent leurs casques. Des étudiantes chantent quelques gentilles moqueries à l’adresse de Macron, mais ça ne moufte pas, et tout reste calme. Comme quoi, on ne se lassera jamais de répéter que le chaos générant le chaos, c’est bien souvent la disproportion crescendo du maintien de l’ordre qui rend possible le gros des débordements. On notera donc le soin pris aujourd’hui par l’autorité publique à Montpellier, pour limiter au maximum la présence policière et éviter tout comportement brutal mettant le feu aux poudres. La manifestation sauvage a été laissée libre de ses mouvements et aura fini par se disperser presque par elle-même.

Cette année de crise sanitaire, de peur et de confinements, a laissé libre cours à un gouvernement empêtré dans son incompétence en paroles comme en actes, pour façonner l’actualité et sa temporalité au fil de l’aggravation de la situation économique et sociale. Au-delà de la lutte contre la Loi de Sécurité Globale, le milieu militant qui se relève depuis plusieurs semaines vient démontrer qu’il est lui aussi capable d’imposer son agenda, celui de l’urgence sociale, humanitaire, climatique. Espérons que la mobilisation en cours, où l’on observe une inédite convergence plurisectorielle, saura se poursuivre et redonner forme à un mouvement social d’ampleur, apte à renverser la vapeur et imposer aux acteurs du pouvoir les évolutions nécessaires face aux enjeux que la société traverse.







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