Des militants écologistes dénoncent le Lien et sa vague de béton


« On est venus leur rendre leurs poubelles ». Ce lundi 15 février, aux alentours de midi, une vingtaine de militants sont allés devant le conseil départemental, dénoncer le déboisement en cours sur le tracé du Lien (liaison intercantonale d’évitement Nord), répondant à l’appel des collectifs SOS Oulala et Extinction Rébellion.

« Le Lien, c’est un périphérique, une liaison entre deux autoroutes internationales. C’est la déforestation de plus de 40 000 arbres sur 28 hectares, c’est la destruction de 115 espèces protégées, l’artificialisation du réservoir le plus riche en biodiversité de la Métropole de Montpellier, le saccage d’une centaine d’hectares agricoles », dénonce Anna, du collectif SOS Oulala. « Mais le Lien, c’est surtout une constellation de projets en cascade, qui eux n’ont rien d’écologique : un minimum de 70 hectares de Zone d’activités commerciales sont déjà prévus, la carrière Lafarge-Granulats attend en embuscade l’ouverture du Lien. […] Nous avons vu ce qu’il s’est passé au sud de Montpellier et nous savons que le Lien est un cheval de Troie à une vague de béton. »


Son amie Lucie, du même collectif, explique pourquoi le Lien, projet dans les tuyaux depuis les années 80, est une fausse bonne idée et va provoquer du « trafic induit ». « Construire des nouvelles routes, pendant quelque temps ça va fluidifier le trafic, mais comme ça va offrir une nouvelle possibilité de prendre la voiture plus facilement, ça va inciter les gens à prendre la voiture. Ensuite, une route, ça donne accès à des endroits jusque-là inaccessibles, qui vont être bétonnés. Ça va donner de nouveaux magasins, de nouveaux lotissements… ça va augmenter l’urbanisation, et augmenter le trafic qui de nouveau va être saturé. Par contre, supprimer des routes, ça provoque des embouteillages pendant quelques temps, mais au bout d’un moment, le nombre de voitures diminue. »

Et Lucie de proposer des solutions : « On pourrait mettre des lignes de bus directes – c’est la compétence du Département justement – qui vont de chaque village au tram. Parce que les transports publics à Montpellier sont très bien organisés, mais dans les villages, pas du tout. On pourrait redynamiser les villages, relocaliser le travail dans les villages et développer les commerces de proximité. Avoir une autre vision de la Métropole, c’est une question beaucoup plus large que le trafic routier ou l’existence d’une route, c’est tout l’aménagement du territoire qui est à revoir. Là, on est sur un modèle qui est le même depuis les années 60, celui de la métropolisation, c’est-à-dire qu’on a un centre urbain très développé, qui est très attractif, qu’on fait gonfler, et les travailleurs vont s’installer de plus en plus loin dans les campagnes. Donc, on a des villages qui meurent, des villages dortoirs, et une Métropole qui étouffe sous la pression de l’urbanisation. C’est un modèle obsolète et pas du tout durable en temps de crise climatique. Il faut arrêter cette croissance infinie de la Métropole, remettre de l’activité dans les villages pour équilibrer l’aménagement du territoire. »



Alors que la veille, « Coralie Mantion s’est prononcée contre le Lien pour la première fois », et que les élections départementales approchent (les 13 et 20 juin prochains), Anna a voulu mettre en garde les élus, « au premier rang » desquels le président du Département de l’Hérault, Kléber Mesquida. « Vous faites un choix, celui d’un projet routier écocide, climaticide, imposé et inutile. Plutôt que d’inventer de nouveaux possibles, vous les noyez sous une chape de béton. Alors que la Métropole de Rouen vient d’abandonner son projet de contournement autoroutier, que l’extension de l’aéroport de Roissy est jugée obsolète, vous vous obstinez dans cette impasse des projets inutiles. Vous êtes les promoteurs, et vous serez les responsables de cet avenir de pollution et de mort. »

Alors, pendant que ses camarades collaient des affiches de communication du Département revisitées, d’autres déposaient les arbres morts devant la grille de l’Hôtel du Département. « Puisque vous vous arrogez la propriété du vivant, ces arbres sont à vous. Nous sommes ici pour vous les rendre. Nous avons bien l’intention de défendre ceux qui sont encore debout. » Après une négociation cordiale avec les agents de sécurité – étonnés de voir autant de journalistes – Anna a pu passer la grille pour déposer une dernière branche symbolique devant le bâtiment, et faire part des revendications du collectif à un agent qui « transmettra ». Ce qui s’appelle faire du lien.







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