Loi Sécurité Globale : la lutte se poursuit contre la dérive sécuritaire

À Montpellier, le collectif Danger Loi Sécurité Globale ne manque pas d’imagination pour varier ses formes de lutte. Après des manifestations ayant réuni jusqu’à 7000 personnes cet hiver, la lutte a été marquée en ce début d’année par la convergence avec le mouvement free-party, avant qu’un happening ne se tienne ce samedi 27 février sur la place de la Comédie, annonçant une grande journée d’action nationale le samedi 13 mars, contre cette proposition de loi qui s’inscrit dans la mise en place du continuum sécuritaire cher au gouvernement.

Des citoyen·nes classé·es selon leur crédit social, une société sous surveillance généralisée et automatisée, le flicage de la population et le fichage des militant·es, c’est l’horizon que dressaient les discours chorégraphiés qui se sont tenus sur le parvis de l’Opéra sous les yeux de plusieurs dizaines de personnes. L’occasion pour le collectif de dénoncer la répression du mouvement à Montpellier comme ailleurs, alors que le préfet multiplie les interdictions de manifester dans l’Écusson, et que des épisodes de répression versant dans la violence ont récemment pu se produire suite à des manifestations sur le Clapas ou à Béziers.

Un pont de moins en moins timide semble aussi en train de se bâtir avec la lutte contre la loi naguère dite Séparatisme, aujourd’hui censément conforter des principes républicains que l’on voit de plus en plus bafoués par la stigmatisation, au prétexte d’une vision dévoyée de la laïcité, de la population musulmane de France. Et ce, tandis que le gouvernement poursuit tranquillement son démantèlement de l’État social, et s’enferre toujours plus à droite dans les questions identitaires et sécuritaires en vue des présidentielles. Le recyclage du très décrié article 24 de la loi Sécurité Globale – celui permettant à la police d’interpeller toute personne qui la filme – dans la loi Séparatisme, permet un lien logique entre les deux luttes.

Toutefois, les débats au sein du mouvement contre la loi Sécurité Globale ont encore du mal à dégager un consensus sur la question de l’élargissement à la loi Séparatisme. Il apparaît néanmoins que ces deux packages législatifs participent de la même vision profondément discriminante et injuste d’une société placée sous un joug néolibéral hégémonique, ayant pour but de cadenasser toute contestation sociale, depuis les milieux militants jusqu’aux populations qui font les frais de cette politique. La poursuite du mouvement, alors que la loi Sécurité Globale passe en examen devant le Sénat, résidera sans doute dans sa capacité à faire corps plus largement avec les luttes qui s’opposent à la violence systémique, quelles que soient ses facettes.

Rendez-vous donc le 13 mars afin de prendre la température de la mobilisation à l’échelle nationale.

Photographies : Ricardo Parreira











La Mule est un média libre et indépendant, financé par ses lectrices et lecteurs. Votre soutien est déterminant pour la poursuite de notre action, totalement bénévole, qui vise à documenter les multiples luttes locales dans la région de Montpellier - et parfois au-delà - et à interroger les rapports entre le pouvoir politique et la population.

Face au monopole de groupes de presse détenus par des milliardaires, la Mule défend une information libre, apartisane et engagée, déliée de la question économique. L'accès à notre site est ainsi totalement gratuit et sans publicités.

Je soutiens la Mule par un don ou un abonnement à prix libre !
Partager