« Violences sexistes, riposte féministe » à Montpellier

Jeannette, 87 ans, abattue. Nathalie, 45 ans, étranglée. Sasha, 22 ans, suicide. Un à un, les noms sont énumérés. Clara, 18 ans, battue à mort. Un à un, les corps tenant les tombes symboliques, sur lesquelles sont inscrits les noms des victimes de féminicides en France cette année, rejoignent le pavé froid de la place de la Comédie. Ambre, 49 ans, tuée par arme à feu. La liste semble infinie. L’assemblée se tait, comme asphyxiée, et regarde. Peggy, 45 ans, séquestrée et abattue. Les minutes passent et les noms continuent de tomber, inexorablement. Paula, 50 ans, violée et poignardée. Enfin, la voix se tait. À sa place, un silence pesant. La voix se tait pour laisser face au public une centaine de corps allongés sur le sol. Meriyam, 40 ans, égorgée.

Cette mise en scène, des plus percutantes, marque le point d’arrivée de la mobilisation contre les violences sexistes et sexuelles contre les femmes et diversités de genre à Montpellier. Organisée le 21 novembre à Montpellier par différentes organisations féministes de la ville, en particulier le collectif Nous Toutes 34, la manifestation a rassemblé près de 1500 personnes à travers les rues de la ville, et près de 50 000 personnes au niveau national.

Dans 15 féminicides c’est Noël

Depuis le 1er janvier 2021, en France, au moins 102 femmes ont été tuées par un compagnon ou un ex. Au moins 102 femmes victimes de féminicides, et c’est sans compter des femmes trans, des travailleureuses du sexe, et toutes les autres victimes de violences masculines.

Entre joie militante et colère ardente. Dans le cortège, les slogans se répondent. Les militant∙es hurlent leur rage et leur aigreur. Devant la gare et le commissariat de la Comédie, des prises paroles, prévues ou improvisées, se suivent. À chaque fois, le même message : il faut continuer la lutte. Les pancartes, nombreuses elles aussi, affichent des messages incisifs. Les références à l’actualité mouvementée de Montpellier sont nombreuses. #DoublePeine, mouvement Balance Ton Bar ou tacle à Eric Zemmour, plus que la lutte contre les violences, c’est une accusation qui est portée au système entier qui s’acharne à silencier la parole des victimes.

Parce que la lutte ne sera jamais terminée, qu’elle est aussi vaste que nécessaire, parce qu’elle n’est possible que grâce à des militant∙es qui, semblant parfois infatigables, la portent à bout de bras, retour en images sur la manifestation montpelliéraine.

Jude Mas et Clara Maillé







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