La LDH Montpellier publie son 2ème rapport sur les obstructions policières sur ses observateurs

La section locale montpelliéraine de la Ligue des droits de l’Homme vient de publier ce jour son second rapport sur les obstructions subies par ses observateurs lors de missions d’observation du maintien de l’ordre. La LDH agit à l’échelle nationale pour le respect et le développement des droits humains, et notamment à travers “la vérification, par l’observation, que le droit constitutionnel de manifester – liberté publique fondamentale en démocratie – peut s’exercer de façon effective, que le maintien de l’ordre s’effectue de manière proportionnée et dans le respect de la dignité des personnes interpellées.

Or, il se trouve que depuis le mouvement des Gilets jaunes, à Montpellier, les tentatives de nuire à ces missions d’observation, hélas, visiblement essentielles au respect de son propre code déontologique par la police, ont pu être nombreuses et largement documentées.

Aussi, ce rapport se penche-t-il sur une période couvrant les mois d’avril à décembre 2019, et relate, à travers différents terrains (manifestations Gilets jaunes, contre-G7 et mouvement lycéen), les différentes obstructions et pressions de policiers sur des observateurs LDH. Ces actes, selon la LDH,  qui sont “dirigés contre des personnes chargées de recueillir et diffuser l’information, traduisent une volonté de censure“.

Les policiers sur le terrain à Montpellier ne manquent pas d’imagination pour rendre leur mission impossible aux observateurs : railleries, insultes, menaces couvertes, prises de photographies avec leurs téléphones personnels (voir l’enquête de la Mule), coups de pression (naturellement en l’absence de port du numéro de matricule RIO, pourtant obligatoire, voir là aussi notre article sur ce sujet), font partie de l’échelon minimal de ces obstructions subies sur le terrain. Malgré plusieurs signalements à l’IGPN sur ces faits précisément documentés, l’instance n’a donné aucune suite et estime que les policiers ne sont coupables d’aucun manquement déontologique.

Le degré supérieur de ces obstructions est cependant largement plus préoccupant. Des observatrices de la LDH Montpellier ont à plusieurs reprises été placées en garde à vue, reçu des rappels à la Loi, voire été inculpée pour l’une d’entre elles, sur des faits plus que bancals (voir nos articles sur le procès de l’observatrice Camille Halut, ou sur sa précédente interpellation à Montpellier, ou lors du contre-sommet du G7). Ce qui a bien montré jusqu’où la police, avec l’aval bienveillant des procureurs de la République, est prête à aller pour se prémunir de ces observateurs, qui révèlent au grand jour les violences qu’elle s’autorise parfois en parfaite violation de la Loi.

Encore plus alarmant, des cas de violences policières directement exercées sur des observateurs sont documentés dans ce nouveau rapport : de violents coups de boucliers sur une observatrice ayant provoqué des hématomes, et des coups portés au visage et aux jambes d’un observateur, dans le cadre de deux missions distinctes lors de manifestations de Gilets jaunes.

Chaque fois, ces policiers, qui malgré l’absence de leur matricule demeurent parfois largement identifiables par leur hiérarchie, bénéficient d’une impunité totale et renouvelée, que l’on ne peut qu’observer chaque semaine sur le terrain dans leurs attitudes provocatrices et ces tentatives d’obstructions, que subissent également journalistes, photographes et vidéastes indépendants, dans leur travail d’observation et d’information.

Un tel laxisme dans la gestion des effectifs policiers du maintien de l’ordre est un signal fort de la chute libre des notions d’exercice démocratique dans notre société, s’il ne traduit pas tout simplement la volonté politique répressive de terroriser la part de la population qui prétend à y prendre part. Les missions d’observation de la Ligue des droits de l’Homme, tout comme celles de la presse, sont des expressions essentielles du maintien d’un contre-pouvoir citoyen au sein même du système républicain, dominé par son élite politique, dite “représentative”.







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